UN PEU D'HISTOIRE...

Dérivé des costumes de l’Empire ottoman pour certains, réinterprétation des « drapés » romains que l’on retrouve dans le haïk traditionnel pour d’autres, le caftan (caftane ou kaftan), pièce emblématique du vestiaire féminin marocain, est riche d’une histoire millénaire aussi complexe que le travail de ses étoffes. Originellement porté par les hommes, cet habit d’apparat était alors le seul apanage des nobles. De Bagdad à Cordoue, de Damas à Istanbul, le caftan se nourrit au fil des siècles de multiples influences, jusqu’à devenir le vêtement emblématique du Royaume aux XIème et XIIème siècles. Mais il faut attendre le XVIIème siècle pour qu’il fasse son entrée dans le vestiaire féminin pour ne plus jamais le quitter. Au XIXème siècle, alors que le Maroc connaît une expansion économique retentissante, le caftan flirte pour la première fois avec le brocart lyonnais ou les soieries importées de Chine. Terrain d’expression artistique intarissable, le caftan devient dès lors indissociable des broderies ntaâ en fil d’or et Fès, de celles plus florales et multicolores de Tétouan ou encore des variations géométriques en fil de soie originaires de Rabat. Sfifa, kitane, m’ramma, darss sont les maîtres mots de ce mixage culturel unique.

Autres temps, autres mœurs, les années 50 voient la condition de la femme évoluer. Dans les rues, le tailleur et la robe occidentale prennent le pouvoir, sous l’impulsion de la libération féminine en Occident. La taille et le travail du caftan connaissent alors un profond changement. La fameuse coupe en T laisse place à toutes sortes de réinterprétations, traînes, manches kimono et formes évasées en prime.

Quant aux années 80, elles lui lèguent épaulettes, tailles cintrées et nouvelles étoffes. Taillé dans la guipure, le caftan se porte alors sur des robes fourreaux et autres jerseys de soie.

Depuis la naissance de la presse féminine marocaine et la diffusion de défilés de mode à la télévision, le secteur du caftan connaît aujourd’hui un réel regain d’intérêt. Aux côtés des grands ateliers de couture, une nouvelle vague de créateurs issus d’écoles de mode locales et internationales renouvelle l’exercice avec une créativité foisonnante, parfois même excessive, pourvu que l’on s’éloigne des modèles classiques. Et tant pis si certains côtoient non sans juste mesure l’excès. Dénaturés, surchargés, corsetés à l’excès, les caftans modernes ne sont pas exempts de déboires. Mais n’est-ce pas le lot de toutes les révolutions ?

Alors s’il ne fallait retenir que le meilleur, saluons la création désormais décomplexée. 

LE COSTUME MAROCAIN

La variété ethnologique du caftan marocain est  étonnante, cela est due en partis  aux différences climatiques.

Hélas, beaucoup de caftans ont disparus ou disparaissent sous nos yeux. Les livres sur le caftan et les musées sur le caftan attestent de leur beauté et de leur intérêt.

 Les caftans marocains actuels sont d’ailleurs tellement caractérisés qu’ils sont connus et appréciés.

La tendance à la modernisation est très sensible mais le vêtement féminin semble plutôt en bénéficier et s’amende en fonction des impératifs de l’époque sans en perdre son cachet, de sa somptuosité et de sa beauté.

Les femmes s’habillent d’une façon assez semblable d’une ville à l’autre et cela même par le passé, tandis qu’à la campagne et dans les montagnes, il y a autant de vêture que de régions et même d’ethnies et de tribus.

L’histoire apporte un grand nombre de renseignements sur la variabilité dans les caftans. Ils varient en fonction des tribus et des groupes humains et les styles régionaux se transforment avec le temps, étant plus ou moins homogénéisés par l’harmonie globale qui prévaut dans un pays, à une époque donnée.

A l’origine des temps, le vêtement a été crée pour protéger le corps des agressions de toutes sortes et contre les écarts climatiques.

Le vêtement a ensuite revêtu d’autres significations et a servi la pudeur, la séduction ou l’élégance.

C’est alors que la dimension esthétique s’en est emparée, les caftans pouvant atteindre un très haut point de raffinement dans leur confection et leur qualité avec ailleurs l’aspect de parures authentiques.

Ainsi les vêtements et caftan du Maroc ont subi différentes influences. Il est très plausible que les vêtures phéniciennes, le drapé romain et grec se retrouvent dans le caftan, surtout dans celui de la femme du 19eme siècle, puisqu’ils sont en général longs, amples, avec de très nombreux plis, se jouant du corps mais l’enveloppant précieusement.

Le Maroc était la dernière cible des anciennes routes, très nombreuses à vocation commerciale et à ce titre, les influences importantes et transformations y trouvaient leur expression la plus parachevée parce qu’il était la dernière terre arabe depuis l’orient.

Concrètement les apports trouvaient une nécessité de récréation puisque géographiquement le Maroc est à la croisée des mondes et l’arrêt sur l’atlantique.

Le Maroc a donc subi l’influence de quatre types de routes commerciales :

Les routes arabes maritimes, les routes arabes par caravanes, recoupant la route de la soie et le commerce à travers la rivière de la Volga, en Russie.

Cela nous explique les différentes origines du kaftan ou caftan par exemple.

La route viking de la mer du nord apportait les influences de l’Europe et des traits scandinaves ; celle des phéniciens relayait leur périples par Tanger et Rabat vers les îles Canaries, toutes ces routes, passaient au Maroc vers les cités commerçantes de grande importance de l’époque, c'est-à-dire Tanger, Rabat, et Sijilmassa.

 

TRADITIONS MAROCAINES 

LA TOILETTE, LE BAIN ET LES SOINS

Que l’on comprenne la phrase toujours dans son sens littéral.

On a en effet toujours attendu du bain qu’il purifie, embellisse, rajeunisse la femme, le sens second de la phrase est trop aigu pour qu’il soit élargi à la femme, à la beauté, au plaisir de vivre et aux choses agréables.

Chez les Arabo-musulmans, les rites de purification sont essentiels et avant l’hygiène moderne édifiée sur des concepts scientifiques, avant la lettre donc, les Marocaines étaient de ferventes adeptes du bain, le hammam, qui était un moment important au cours de toute leur existence. Même quand nos ancêtres ne sortaient pour ainsi dire pas, elles avaient le droit sacro-saint d’aller au bain, un droit inaliénable ! Pour insister, s’il le fallait encore sur cet amour de la pureté et de la propreté, puisque l’une entraînait l’autre et inversement, notez que l’architecture même de la cité musulmane ou marocaine prévoyait la mosquée, le souk et le hamman dans chaque quartier important, avant toute une autre uniquement dans la vie féminine. Un certain nombre d’auteurs ou d’écrivains masculins en ont gardé de sérieux souvenirs ! Le bain et la toilette se préparent longuement, pendant des jours.

En réalité les soins de propreté sont une chose et la toilette en est une autre. Les soins de propreté sont quotidiens et d’utilité immédiate, tandis que la toilette est, une préparation à un événement plus au moins social

Ainsi la séance de maquillage est longue, compliquée, fébrile comme une détermination. Quand on observe le soin particulier que la Japonaise apporte à son habillement et au déroulement de la coiffure et de la pose des fards, bijoux… On peut faire un parallèle avec la Marocaine, en tous cas dans les traditions passées. Cette comparaison entre deux pays aussi lointains n’est pas incongrue. On peut la faire dans un grand nombre de domaines, tant ces deux pays possèdent de tradition millénaires dans un très haut degré de civilisation et la modernité n’aura pas pu les désagréger aussi facilement car leur puissance esthétique ancestrale est telle que l’on pourrait ‘en lasser ou ‘en détourner. Un beau kimono est une authentique œuvre d’art de même que le kaftan marocain peut atteindre un degré supérieur de raffinement et de beauté en tant que costume féminin.

Le bain se préparait des jours et des jours à l’avance. On préparait d’abord le objets et les ingrédients. Puis on se rendait au hammam, à plusieurs amies avec les jeunes enfants et les jeunes filles, tous chargés de quelque chose à la main. Dans le seau on avait mis les peignes en corne, épais et fins, des sortes de petites galettes en liège recouverte de résille pour gratter la peau, des récipients ronds en cuivre martelé et ciselé contenant du savon noir en pâte, la préparation de ghassoul pour laver les cheveux, une sorte de gant de toilette plus ou moins rêche, du savon, des coupelles, tassa pour verser l’eau.

Tous ce objets étaient évidemment magnifiques du simple faits pour être utile et qu’il étaient en matériaux nobles. On en a copié certain en plastique aujourd’hui, ce qui est du plus vilain effet !

Elle a un haut pouvoir absorbant des graisses et elle est lavante sans détériorer la peau ou le cheveu, de façon aussi naturelle que possible. La préparation en était bien codifiée, on pétrissait  l’argile dans l’eau pour la purifier de cailloux et autre grains. Quand la pâte était douce, on laissait décanter le mélange et on recueillait cette terre pour l’étaler et la laisser sécher au soleil. Les petits morceaux étaient recueillis puis mélangés  avant usage à de l’eau de fleur d’oranger ou de l’eau de rose. Lors du bain, les femmes s’en enduisaient le corps et s‘en frottaient la chevelure. Le résultat en était superbe : un gain de peau très doux et une chevelure très saine car entre tenu par des produits simples et sans artifices. On avait pris avant d’aller au bain des rafraîchissements, des gâteaux pour les consommés entre deux lavage ou à la fin. En effet, les hammans dignes de ce nom, c’est-à-dire ceux qui ont été construit  il y a plus de trente ou quarante ans, prévoyaient de salles de repos sur lesquelles régnait une préposée toute puissante qu’on appelait el galassa.

Cette dame connaissait toute les femmes, était souvent une commère, avait pour mission de garder les monceaux de serviettes, de vêtement et d’objets de toutes sorte que l’on avait amenés. C’était généralement une femme entre deux âgés, une rombière active et toute à sa tâche.

El-tayaba quant à elle était d’une catégorie encore inférieure à la première : à l’intérieur des bains, elle trimbalait les seaux d’eau et faisait en général un travail de masseuse. Elle déambulait de la vapeur à la chaleur et des bains aux salles de repos, inlassable et détrempée toute la journée. Elle avait ses fidèles clientes qu’elle m’avait avec plus ou moins de vigueur et de compétence d’un bain à l’autre. Le massage consistait, du reste en quelques désarticulations plus au moins brutales et en un corps à corps sensé réconforter et détendre..

L’accorte bonne femme frottait, ensuite le corps et tout le dos, dans un souci de nettoyage. Elle rapportait à sa cliente une série de eaux d’eau froide et chaude, les fameux khab pour lesquels il y eut bien souvent des mots et des batailles rangées quand le hamman était bondé et que les tension montaient.

Dans un souci de ne rien oublier de la panoplie des produits de soin et d’embellissement, il faut bien commencer par le henné, produit important entre tous, utilisé du Maroc jusqu’à l’Inde, réputé pour se vertus bénéfiques et attirant même le bonheur sur son utilisatrice.

Les préparations pour la chevelure étaient sophistiquées et d’une odeur pénétrante : bouton de roses séchés et réduits en poudre, clous de girofle, myrte. Parfait on y adjoignait goudrons et sulfures pour colorer encore d’avantage de cheveux.

Le henné servait également comme enduit lavant sur le corps, comme pâte réparatrice sur les talons fendillés, les mains abimées par les tâches ménagères et marquait même le premier grand jour des longues festivités du mariage chez les musulmanes ainsi que chez les juives marocaines.

On a tout dit et tout écrit sur les dentelles de henné tracées sur les pieds et les chevilles, mains et poignets des femmes. Il est vrai que c’est un réel travail artistique que celui des dentelières, à la création si éphémère. La nakkacha, celle qui sculpte, dessinera ce tatouage passager, grâce à une pâte très fluide de henné qu’elle sait préparer, grâce à une pâte très fluide de henné qu’elle sait préparer à point pour l’usage attendu

Il est surprenant de constater que les dessins obtenus par la teinture de peau au henné ressemblent dans leurs détails et leurs formes aux tatouages définitifs pratiqués dans certaines régions marocaines. Ce sont les mêmes appositions que celles des poteries, de la tapisserie et de la bijouterie. C’est un monde esthétique homogène où les signes se répondent et s’authentifient. Inconsciemment traduits, les symboles vont et viennent entre le corps, les individus, leur environnement et leurs désirs. Les femmes sont hantées par l’envie d’être belles parce que la beauté leur donne accès aux sentiments des autres et leur embellissement passe aussi par tous ces signifiants et tous ces signifiés. Elles ont puisé depuis des millénaires dans les produits offert par la nature à leur concupiscence.

L’embellissement est un art et une si agréable occupation..

 

FETES ET CEREMONIES

 

Il était des moments durs et ternes dans le quotidien, la vie était jalonnée de hauts et de bas.

Mais les femmes marocaines vivaient dans la préparation des instants agréables, fêtes, cérémonies et plaisirs de tout genre.

Les marocaines ont naturellement une heureuse disposition de caractère, elles sont douées pour la fête cela car on ne peut être gaie sans une heureuse disposition de caractère : elles sont, en général, amatrices de vie de plaisir, de ripailles, de jeux et d’agrément.

 

L’heureuse nature de la terre marocaine, les différences de couleurs, la luxuriance de la végétation, les modes de vie de l’habitat ont légendairement offert les conditions d’une vie douce car tout y concourait et y concourt, fort heureusement, encore de nos jours.

 

Le verre de thé

 

Ainsi la douceur climatique et les patios des maisons sont le jardin des délices aux fins des après midi.

Après les tâches de la matinée et les travaux de milieu du jour, broderies ou tapisseries ou autres…les femmes avaient coutume de se réunir autour de verres de thé ou de café fumant, assises sur des matelas très bas, des sofas ou des tapis jetés à même les mosaïques.

Cette réunion en elle-même est un moment de grâce pris sur le temps et la lassitude.

 

Pays des fantasias et des mariages grandioses, des cérémonies extrêmement minutieuses et significatives, lieu de ressac de toutes les cultures du monde de par sa situation géographique le Maroc a offert de tous temps la qualité de son hospitalité et la générosité de son accueil.

Ces deux derniers traits proviennent de son sceau arabe et musulman, survivance des difficultés vécu dans les déserts et au cours de très longs périples.

 verre à thé en caftan

En effet les arabes vivaient sur des terres très dures climatiquement hostile. Séparés les uns des autres par de très grandes distances, ils voyageaient par caravanes qui mettaient des semaines sinon des mois à arriver à destination.

 

De plus le pèlerinage a toujours fait se rencontrer à la Mecque les musulmans de tous les horizons même lorsque le voyage était une aventure extrêmement ardue, si bien que l’hospitalité et la générosité de l’accueil sont restées un trait de caractère arabe et musulman.

 

Or accueillir quelqu’un c’est le recevoir chez soi, le délasser, le restaurer, le réjouir et fort évidemment ce sont les femmes auxquelles incombent les taches d’embellir leurs demeures, de préparer les réceptions et de veiller à leur bon déroulement.

 

La convivialité

Ce don de la convivialité et cet amour du plaisir à vivre en société a permis aux femmes une vie jalonnées de rires, de you –you et de démonstration euphoriques. Il est loisible de décrire des particularismes assez nets d’une région à l’autre : les orchestres de femmes qui font l’orgueil d’une ville comme Tétouan n’auraient en aucune manière existé dans le temps, il n’y a pas si longtemps ! Hajja Sili, célèbres il y a quelques décennies sont les artistes d’une époque révolue, celle qui les excluaient.

Actuellement les orchestres de musique andalouse constituait de jeunes filles sont une reviviscence de la plus pur tradition musicale.

Les différentes régions du Maroc sont très jalouses d’elles- mêmes car elles ont atteint chacune un tel achèvements de leur culture propre qu’il est difficile de penser trouver aussi bien que soi ….à proximité.

Mais les différences interrégionales s’atténuent et une même civilisation marocaine se recrée sous nos yeux et d’autres fêtes naissent de la modernité.

  

LE SABAH ou La AQUIQA ou BAPTEME

 

On a souvent fêté la jeune femme lors de la naissance de son premier enfant comme une mariée et le baptême est plus une célébration d’elle que du nouveau né. Ses parents ont souvent pensé à faire tout le trousseau du nouveau né et c’était toujours la grand-mère maternelle qui cousait les langes du bébé et ses petites chemises de mousseline et de baptiste.

A la naissance, après le lent travail de la mère, les festivités marquent le bonheur des femmes puisque l’accouchée a été délivrée et l’intérêt autour du bébé est d’autant plus vif qu’il est légitime l’existence même et la fonction sociale de sa génitrice.

Il faut souligner que la femme enceinte jouit déjà de la gentillesse et de la tendresse d’une multitude de personnes. Dans toute la société arabe et musulmane, la femme enceinte est l’objet d’une véritable vénération même de la part des personnes les plus habituellement insensibles.

Le corps alourdi de la femme est sacré et la fait bénéficier de toutes les immunités. Que ce soit par élan affection, par politesse, ou par un respect ému, il n’en est pas moins vrai que la grossesse provoque ce comportement doux et adouci autour de la femme gestante.

D’ailleurs à ce moment là elle a une importance majorée comme si elle prenait enfin une place à part entière.

Mais il faut ajouter que la femme enceinte, autrefois était exposée à mourir dans l’acceptation du terme de mouhoula, bin nefsaïn, littéralement prise au piège (dans un piège dangereux) ou entre deux âmes.

 

Il faut savoir qu’il n’y a pas bien longtemps, l’accouchement et les suites de couches étaient souvent dramatiques avant l’avènement de la médecine moderne.

 

« Voici une bien jolie coutume de Fès pour dénouer et dédramatiser les accouchements longs et redoutables.

Le mari de la femme en gésine allait voir le fkih au m’sid pour qu’il lui affecte quelques petits garçons. Ceux-ci tenaient largement ouvert un drap dans lequel on avait mis des œufs et ils passaient à travers les dédales de la médina en récitant les litanies de circonstances pour hâter la délivrance de la femme, les passants devaient jeter des pièces de monnaie et on considérer que l’accouchement se produisait quand tous les œufs avaient été cassés. Ailleurs on demandait également aux petits garçons du m’sid- réputés innocents et donc facilement exaucés par Dieu dans leurs prières- de prier pour hâter la délivrance d’une femme.

Ailleurs enfin c’était le vendredi, jour de la réunion de tous les hommes à la mosquée que pareille chose leur était demandée : leurs prières ardentes, souvent très émouvantes car l’occasion était très intense émotionnellement, aidaient l’enfant à naître et les mères dans leur délivrance et leur repos. »

 

Quoiqu’il en soit, quand tous se passait bien l’accouchement donnait lieu à un grand soulagement et une grande joie qui se fêtaient le septième jour avec beaucoup de pompe ; bien souvent la jeune accouchée est de nouveau traitée comme une mariée.

Une chose curieuse a jalonné les premiers temps de la grossesse, chose qui a pu exister pendant toute sa durée : les envies qu’il était de règle de satisfaire autant que faire se pouvait.

C’est un devoir impératif, une gentillesse et une obligation, si l’on ne désirait pas avoir un nouveau né porteur de stigmate de l’envie non satisfaite de sa mère. Donc la femme a été cajolée, privilégiée pendant toute la gestation, paraissant produire une sorte de fascination sur les autres et on a donc cédé à tous ses désirs qu’elle que soit l’incongruité ou la bizarrerie de la demande.

C’était peut être la seule période ou la femme était consacrée, bien traitée par toutes et tous, pleine de ce mystère qu’est le don qu’elle a de donner à son tour la vie.

L’accouchement est préparé dans la préoccupation du moindre détail et c’est un évènement pour la femme de devenir mère, si bien que les premières naissances ont donné lieu de très belles coutumes, variables d’une région à l’autre. Bien souvent le trousseau du nouveau-né et les préparatifs du baptême sont laissés à la charge des parents de la jeune mère : c’est l’occasion d’une procession de personnes allant de l’une à l’autre maison, chargées de tbouquas, richement couverts de broderies, plein de cadeaux, de gâteries et de bon mets.

Avant le baptême, Sabah ou sbouh, fêté le septième jour de la naissance, les voisines, les parentes très proches, les alliées les plus intimes vont venir quelques heures après l’accouchement qui se passait à domicile pour une première après midi de bon vœux, de délassement, de thé, de gâteaux et mets traditionnellement préparés pour la circonstance.

Cette après midi s’appelait taglissa, en d’autres termes, les femmes tenaient des assises dans la plus pure tradition des assemblées féminines.

 

A Rabat cette taglissa n’était pas uniquement une occasion de se réunir à la faveur d‘une naissance. Les raisons étaient innombrables pour la tenir, un peu pour un oui ou un non.

Cela était d’autant plus normal que les femmes accouchaient à domicile et que tout l’événement se passait entre femmes : la quabla, les grands-mères, les tantes et les vieilles dames qui étaient d’un si grand secours dans ce genre de moments. Un you-you vibrant annonçait d’une maison à l’autre le bonheur de l’évènement et un sourire de contentement éclairait le visage de cette joie viscérale interne à toute femme qui sait que l’accouchée, nfissa est hors problème.

L’enfant était assez secondaire dans ces tous premiers moments, mais sa mère fêtée, adulée, rendue majeure par l’épreuve qu’elle a vaillamment traversée.

On prend de grandes précautions pour sa santé. On a peur du froid, des courants d’air, des refroidissements. Elle est dorlotée et ne prendra un bain rituel qu’après quarante jours qui sont considéré comme un cap à dépasser. L’ombre des fièvres puerpérales est planante…

L’accouchée est sur nourrie pour aider ses relevailles et assurer l’allaitement de l’enfant, petits ragoûts, fruits secs, soupes claires ou épaisses, douceurs comme salou ou sfouf, cette bonne farine grillée enrichie de sésame, d’amande et de noix.

 

Lors de la fête, la jeune mère est superbement habillée d’une somptueuse takchita et fardée et c’est autour d’elle que tout se passait.  

De nos jours il est de bon ton de visiter l’accouchée en clinique ; trônant sur son lit au milieu des bouquets et des plantes vertes amenés là par les visiteurs, offrant chocolats et petits four, du thé ou du café préparé à la maison ; on la croit quelque peu déplacée ici car la tradition glisse vers la modernité. Ce n’est que partie remise…On fera un petit déjeuner du baptême au cours duquel on sacrifiera le mouton, et une fête plus ou moins grandiose car cela est fonction du rang de l’enfant, de ses parents et de sa signification dans leur vie.

Certains esprits chagrins nous apprennent que l’arrivée d’une fille étaient toujours moins fêtée que celle d’un garçon, nous allons passer outre car certaine naissances de filles ont bien souvent ravi les parents, les filles ayant toujours la réputation d’être plus fidèle, plus tendre, plus proches et permanentes dans leur famille.

   

FETES ENFANTINES

 Au Maroc, il y avait des occasions multiples de fêter les enfants. Aujourd’hui on aurait tendance à tout fêter, les anciennes et les nouvelles réjouissances…. ce qui est heureux.

Si l’on considère le déroulement de l’enfance des petits garçons et des petites filles, on retrouve une multitude d’occasion de les fêter et de leur apprendre ainsi le sens de la fête et de la nécessité. Voiçi quelques exemples de fêtes que l’on fête encore aujourd’hui.

 EL GALASS (LA FETE DU SIEGE)

La petite fille est née. Elle a en quelques mois appris à sourire, puis s’asseoir. On fera à cette occasion la fête : el-galass, en réunissant un nombre plus ou moins important d’amies pour ces après midi de dames au cours desquels les chants et la musique étaient de mise.

L’enfant est mis sur une sorte de petit trône en bois sculpté depuis qu’il sait s’asseoir, petite chaise qui ira d’un enfant à l’autre.

 TAHRASS EL KASS (Fête du verre cassé)

Un jour l’enfant de plus en plus agile et remuant a cassé pour la première fois un verre ou un quelconque ustensile ; c’est l’occasion de fêter tahrass elkass, réunion de femmes autour de rire et d’élégance. La signification de l’évènement est claire et sans ambiguïté. L’enfant n’est plus statique et tout petit. Il bouge, occupe l’espace, nécessite une surveillance qu’il est arrivé à tromper en cassant le verre. Il a donc grandi déjà.

Si l’on additionne toutes les occasions où l’on fêtait les enfants, on se rend compte qu’elles étaient très nombreuses : les mères étaient profondément contentes de cette série d’évènements qui leur manifestent que leur enfant était bien vivant à une époque où ils en mouraient tellement en bas âge, dans les deux premières années d’existence.

 LES ANNIVERSAIRES D’ENFANTS

Les anniversaires d’enfants sont de nouvelles manifestations liées à la précision moderne.

Il n’y a pas encore si longtemps de cela, les femmes n’avaient jamais pensé commémorer la naissance de leurs enfants. Mettons que personne ne se préoccupait des dates exactes, de la certitude de l’âge, des termes et des échéances.

Et cette vision et ce vécu du temps étaient certainement beaucoup plus doux que ce cisaillement par les dates et les évènements personnels et sociaux.

Un tas d’enfants sont invités et ils sont endimanchés comme leurs mamans, ballons, cellophanes, petits cadeaux pour tous, bonbons, sucreries, chocolat par monceaux, offrandes au héros ou à l’héroïne de la fête, Mickey, Donald en quantité. Les anniversaires d’enfants restent une fête citadine, elle est l’inspiration moderne mais les occidentaux eux même ne fêtent l’anniversaire de leurs enfants que depuis le vingtième siècle, siècle de l’enfance et de l’avènement de la jeunesse qui a transformé considérablement la vie des enfants de par le monde.

  

LE PREMIER JEUNE- TQIB EL OUIDNINE

Puis la petite fille a marché, elle parle, s’occupe de ses mariées…Elle atteint un âge où la coquetterie peut déjà lui faire réclamer des boucles d’oreilles…Il était d’usage de percer les lobes des oreilles de fillettes pour les parer et généralement c’était encore le motif de réception et de liesse.

Cette fête était souvent importante par le nombre des invitées, la richesse de l’accueil, la perfection des préparations. Cette coutume est extrêmement charmante car elle affirmait le personnage de la petite fille qui devenait ainsi grande et digne de porter les bijoux des jeunes filles et des femmes. Selon la fortune de son père, elle avait déjà eu droit à des bracelets et à ce merveilleux bijou qu’était le kholkhal ou anneau de cheville.

La fête se prolongeait, un peu avant, dans la soirée autour des femmes habillées, parées, fardées qui avaient bu et mangé, parlé et chanté et fait d’elles-mêmes leur propre musique et rythmes. Il était en effet de mise que dans les maisons convenables on ne fasse jamais entrer de musiciens ou de musiciennes.

Par contre toutes les maisons possédaient les taarijates, derboukas, et autres bendirs et dehdouh pour faire une musique très caractéristiques, très rythmée, rapide et syncopée, allant crescendo jusqu’à l’assourdissement.

La vie de la petite fille est dons ainsi : on l’a accueillie à sa naissance. On a festoyé quand elle a commencé à s’asseoir, quand elle a cassé le verre. 

Le Mariage reste un évènement symbolique dans toutes les cultures. Au Maroc il est l’occasion familiale la plus importante et la plus réjouissante. Son organisation remonte dans les traditions les plus ancestrales mais on ne se lasse pas de les célébrer et de les remettre au goût du jour. La planification reste toujours la même, généralement on célèbre toujours ces coutumes dans l’ordre suivant :


LA KHOUTOUBA ou FIANCAILLE ou CEREMONIE DU HALLAL :

 

Une fois que deux jeunes gens (ou moins jeune) ont décidé qu’ils voulaient s’unir et que les présentations ont été faites entre les deux familles respectives, vient alors le jour de le khoutouba ou fiançailles.

Les deux personnes se fiancent en général pour un période plus ou moins longue afin de pouvoir établir les préparatifs du mariage.

Il est bien entendu que lors de cette période, les deux jeunes gens n’habitent pas encore ensemble.

Toutefois, certains profitent de cette occasion pour faire la cérémonie du hallal, c'est-à-dire le mariage religieux en islam (qui est au vu de la religion musulmane le plus important).

 

La cérémonie du hallal consiste à unir deux personnes devant Dieu. Elle se passe généralement dans l’intimité du cercle familiale. Un repas est organisé par la famille de la mariée ou du marié selon les coutumes et souhaits de chacun.

Il est de tradition de sacrifier un mouton ou un autre animal (poulet, lapin…) selon les moyens dont on dispose.

Un imam ou une personne qui sait bien lire le coran est convié à ce repas afin de faire la lecture de la sourate El Fatiha « l’ouverture » devant témoin et tuteur de la jeune fille à marier.

C’est lors de cette cérémonie que le marieur demande à l’époux ce qu’il va donner en dot à sa futur épouse. Cela peut être un présent (bijoux, vêtements, parfums…) ou de l’argent, mais cela peut être également une simple bague en fer ou encore enseigner  à sa future épouse une sourate du coran qu’elle ne connaitrait pas. Le futur époux doit en quelque sorte apporter quelque chose à sa futur épouse que ce soit matériel ou intellectuel.

 

Une fois ces formalités accomplies, place est faite à un repas somptueux entre les membres de la famille.

La jeune fille est généralement se vêtir d’un caftan blanc ou d’une takchita blanche qui symbolise la pureté.

Elle est assise avec les femmes de sa famille tandis que son fiancé partage le repas avec les hommes.

 

Les hommes viendront ensuite rejoindre la pièce des femmes pour que l’on mette aux mariés un peu de henné sur leurs mains, symbole de chance et de prospérité. On demande en général à une dame qui a eu de la chance en mariage de procéder à cette tâche afin qu’elle transmette sa chance.

Les mariés se donnent ensuite mutuellement à manger une date et du lait.

Cette cérémonie marque le mariage musulman, devant Dieu les deux personnes sont mari et femme. Cependant, généralement un grand mariage suivra cette petite fête ou seront invités toute la famille et tous les amis des mariés.

 

  

Ce grand mariage met souvent des semaines voir des mois à être préparer, il requiert une énergie considérable de toutes les parties

 

 

 



LE HAMMAM : Le bain purificateur au bain maure, en compagnie des femmes les plus proches est une cérémonie censée éclairer le chemin du bonheur.

hammam en caftan



LA HENNA : Recommandé par le Prophète, le henné est appliqué durant les fêtes, il a comme vertu entre autre le fait de garantir la réussite et la prospérité. La cérémonie de la Henna se déroule la veille du mariage, en présence des femmes des deux familles et des amies. Cette cérémonie symbolise l'acheminement vers le statut d'épouse.

LE DRIB SDAK : Le mariage est validé par la conclusion d'un "acte adoulaire" établi par des "Adouls" qui font office de notaires, en présence de témoins. Il équivaut à un acte de mariage et constitue le contrat fondateur de la famille.

LA H’DIA : La coutume de la h'dia existe dans toutes les classes sociales.

Les cadeaux varient selon les moyens et les us et coutumes. Cela peut aller de la parure en diamants en passant par un beau bœuf ou encore des sachets de sucre.

LA BERZA : La berza qui a lieu le jour de la grande cérémonie est l'occasion de présenter la mariée aux convives. Parée d'une tenue traditionnelle d'apparat, la mariée est installée de façon à être vue et admirée par toute l'assistance, dans une ambiance de fête riche en sons et en couleurs.

Quoique les traditions restent les mêmes d’un point de vue général, elles sont néanmoins différentes selon la région.